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L’AGRICULTURE DANS LE BASSIN DU LAC D ANNECY: UNE AGRICULTURE JEUNE ET DYNAMIQUE Texte élaboré par Nicole Bocquet, conseillère agricole à la Chambre d’Agriculture le 30 JUIN 2010.

 

Une agriculture surtout localisée dans la vallée du Laudon

Petit territoire, le périmètre de Terres du Lac est aussi une petite région agricole un peu coincée entre l’agglomération annécienne et les montagnes qui entourent le lac. Néanmoins et bien qu’elle soit un peu à l’étroit, l’agriculture est bien présente avec en moyenne près de 3 exploitations par commune et une certaine variabilité puisque 3 communes n’ont plus d’agriculture alors que d’autres comptent près de 10 fermes.

La vallée du Laudon, de Saint-jorioz au Col de Leschaux, reste un vrai secteur agricole tant au niveau des surfaces exploitées que du nombre d’exploitations ou de la production laitière ; on compte ainsi sur le périmètre de la communauté de communes de la Rive Gauche du Lac 27 fermes et plus de 3,4 millions de litres de lait produits.Les exploitations sont au ¾ pérennes (chef d’exploitation de moins de 50 ans ou succession connue). La pérennité des exploitations laitières frôle même les 100%. Essentiellement des prairies extensives.

Les exploitations du périmètre de Terres du Lac exploitent environ 2 900 ha dont 95% sont des prairies ou des alpages. On note environ 115 ha cultivés en céréales pour le grain et maïs vert (la plante entière est broyée pour être utilisée en complément de l’herbe sur la fin de l’été et l’automne). Sur les surfaces labourables, les cultures sont utilisées en rotation avec des prairies. Mais la grande majorité des surfaces n’est jamais labourée ; on parle alors de prairies naturelles ; elles ont souvent une flore diversifiée comme on a pu le constater lors du concours « prairies fleuries » organisé en juin dernier par le Parc Naturel Régional des Bauges.

Contrairement à ce qu’on peut voir dans la plupart des régions périurbaines, les surfaces en maraîchage sont peu importantes. Pour nourrir les vaches laitières et produire du lait à reblochon, près de 90% des exploitations sont des exploitations d’élevage et les 2/3 produisent du lait. Les bovins laitiers, vaches laitières et génisses de renouvellement, constituent l’essentiel du cheptel. Moins de 15% du lait est transformé à la ferme, en tome des Bauges ou fromage d’Abondance. Le reste du lait (5,2 millions de litres) est livré pour être transformé en Reblochon de Savoie.La quasi-totalité du lait est donc produite sous AOP (Appellation d’Origine Protégée), jusqu’à très récemment appelé AOC, avec un cahier des charges garantissant des conditions de productions extensives et traditionnelles :Alimentation basée sur l’herbe, fraîche ou fanée, produite localement ;utilisation de races locales, Montbéliarde et Abondance; on note même ici une forte proportion de vaches Abondance (tête blanche à lunettes et robe acajou) ;Pâturage pendant la belle saison…

 

Article paru dans le dauphiné libéré le 12 mars 2010

GARDER LA TERRE AGRICOLE A TOUT PRIX

 

Terres du lac a un an et pour son anniversaire, l’association s’est offert son tout premier terrain : une parcelle agricole de 3000 m2, située à Chevaline et exploitée par le GAEC de la Combe d’Ire. Ce coin de verdure, désormais, appartient à l’association, dont l’objectif est de préserver de l’urbanisation un maximum de zones agricoles situées autour du lac, en les achetant puis en les louant à des exploitants.« Si l’association est amenée un jour à disparaître, ses terrains appartiendront au Conservatoire du Littoral » précise son président Pierre Viguié. Aucun risque, donc, d’y voir un jour construire des villas à la faveur d’un déclassement en zone constructible.

« Terres du Lac » a acheté pour 2000 euros cette première parcelle grâce aux dons de ses sympathisants. Samedi dernier lors de son assemblée générale, l’association a modifié ses statuts afin de pouvoir être déclarée d’intérêt général : « cela permettra d’obtenir la déductibilité fiscale des dons » précise Pierre Viguié.

700 hectares agricoles sont perdus chaque année. En effet, si 4000 euros ont été reçus en 2009, « il en faudrait 10 fois plus pour être vraiment efficace », estime le président. Les futurs

« sponsors » ne manquent pas, selon lui, pour soutenir un combat qui mobilise bon nombre d’habitants de la cluse du lac.« Terres du Lac » compte actuellement une centaine d’adhérents, dont des personnalités du monde politique, associatif et agricole. « Nous espérons arriver à plusieurs milliers pour créer un vrai mouvement citoyen », souligne Pierre Viguié. Et être plus forts, car l’action de l’association ne fait évidemment pas que des heureux dans les communes. « On n’est pas toujours bien vu » confirme Claude Mellet, agriculteur à Saint-Jorioz et président d’une société agricole locale (La SICA). A l’instar d’autres exploitants, il s’inquiète de l’extrême difficulté que rencontrent les agriculteurs, particulièrement autour du lac, pour trouver des terres où exercer leur métier. « Dans notre département, 500 hectares agricoles disparaissent chaque année pour l’urbanisation et 200 autres pour un usage d’agrément, pour avoir une pelouse au bout de la maison » rappelle-t-il.

Repères.

Personnalités: L'ancien maire d'Annecy, Bernard Bosson est parrain de "Terres du Lac". L'association compte parmi ses fondateurs le président de la FDSEA Christophe Léger, le directeur de la société d'économie alpestre (SEA) Pierre Lachenal, ou encore la chanteuse Odile Wieder. Pierre Viguié, ancien élu local et conseiller régional, a présidé la Frapna.

Intérêt général: L'agrément d'intérêt général a été refusé une première fois à "Terres du Lac" par les services fiscaux. D'où les nouveaux statuts votés le 6 mars. L'asssociation devra officiellement élargir son champ d'action aux grands lacs alpins.

Agriculteurs engagés: L'association a pour vocation de racheter des terrains agricoles qui sont à vendre et dont les propriétaires, par exemple des exploitants qui prennent leur retraite, veulent qu'ils gardent cette vocation. A Chevaline, "Terres du lac" s'est engagée à réserver sa parcelle à l'activité agricole pendant 30 ans (le maximum possible) et elle percevra un loyer symbolique de 18 euros par an. Pour un agriculteur, accepter de vendre une terre à l'association "est un engagement moral et économique", souligne Pierre Viguié. Moral parce qu'il a vocation de pérenniser l'activité agricole. Et économique parce que le prix de vente d'une parcelle agricole est sans commune mesure avec celui d'un terrain constructible.

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