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INTERVENTION DE PIERRE VIGUIE château de Menthon- 24 août 2019

Remerciements : à Maurice et Pierre-Henri de Menthon pour nous avoir permis d’organiser cette manifestation dans les jardins du Chateau et à Hugues Devries pour sa captivante visite du jardin potager conduit en permaculture.

Merci aux personnalités  présentes :

Anne Franschesci, Vice-présidente, représentant le PNR du massif des Baugers

Franck Horon représentant le Conservatoire du Littoral

 

Merci à vous tous d’être venus pour fêter ensemble notre dixième anniversaire

Un anniversaire c’est d’abord une naissance, précédée d’un longue période de gestation.  

Au début des années 2000, nombre d’entre nous étaient impliqués dans une des 17 associations environnementalistes qui, avec la SICA du Pays de Faverges et du Laudon, déjà elle, avaient lancé le manifeste pour la sauvegarde du bassin du lac d’Annecy, et demandaient son classement au patrimoine mondial de l’humanité, par l’Unesco

Il y eu un premier succès puisque les élus ont fini par déposer un dossier au Ministère chargé d’instruire ce type de candidatures.

Mais le rapport de l’inspectrice générale chargée d’étudier cette candidature a été sans appel : les dégâts causés par l’urbanisation des dernières décennies dans le bassin du lac étaient tels, qu’il était impensable que le Gouvernement dépose un dossier de candidature à l’Unesco.

Pour les porteurs du manifeste c’était une demi-victoire, parce que ce rapport confirmait  le constat alarmant qu’ils faisaient.

Mais, pour les élus, ce fut  la « douche froide » et ils enterrèrent bien vite sous le tapis l’idée de faire quelque chose pour le paysage du bassin du lac,... chacun retournant dans sa commune pour décider de choses hautement plus importantes.

C’est là, que nous avons lentement compris qu’il ne se passerait rien tant que la revendication restait portée par un vague rassemblement d’associations plus ou moins écolo-gauchistes,... et même si leur analyse était confirmée par une experte officielle venant de Paris....bien au contraire !

Il fallait un vrai mouvement citoyen local et apolitique apportant des solutions réalistes et éprouvées. C’est dans cet esprit qu’au cours de l’année 2008, nous avons, avec un groupe d’une dizaine de personnes, aux parcours variés, rédigé des statuts qui ont été déposés en Préfecture... et la naissance de Terres du Lac a été actée par la publication au journal officiel du 3 janvier 2009.

 Dès ces débuts nous avons eu le soutien et la confiance de deux personnalités, dont j’aimerais, ici, honorer la mémoire.

* En premier lieu Olivier de Menthon, qui a immédiatement compris le message que nous voulions faire passer en demandant d’installer notre siège social en ce château, tant la symbolique multiple de ce lieu était évidemment proche des principes qui nous inspiraient.

En particulier :

* Pour nous ce château est d’abord un fanion du paysage du lac d’Annecy, sans lui le lac d’Annecy ne serait plus le lac d’Annecy... mais, aussi, sans les espaces agricoles qu’en serait-il...je vous laisse l’imaginer en jetant un regard par-dessus la balustrade.

* Ce château c’est un élément essentiel de ce patrimoine, partagé par tous les haut-savoyards, mais qui n’a été préservé que par l’action tenace d’une famille au fil des siècles.

* Ce château enfin, est devenu avec François de Menthon, le symbole du refus de la soumission et le refus de baisser les bras devant ce qui parait inéluctable.

Ce Château c’est bien autre chose encore... ainsi nous apprécions tout particulièrement l’action de ceux qui en ont la charge aujourd’hui, et qui ont décidé d’ouvrir encore plus largement au public ce patrimoine extraordinaire.

* Ensuite c’est à Bernard Bosson qui fut un de nos tout premiers soutiens que je veux rendre hommage et adresser nos remerciements les plus sincères.

Nous l’avons rencontré, chez lui, à plusieurs reprises, avant de nous lancer, et Il nous a légué, entre autre, la belle dédicace suivante :

« Soutenir l’association Terres du Lac, outil efficace, qui permet d’unir agriculteurs, propriétaires de terres agricoles, communes et citoyens, m’est apparu, dès le lancement de l’idée, comme une évidence pour participer concrètement, tout autour des lacs de montagne, à la vie agricole et au maintien – pour toujours – des espaces qui lui sont consacrés. Aider à sauver l’écrin de nos lacs : c’est un Devoir. »

Et c’est ainsi que notre première année d’existence s’est terminée par notre première candidature pour l’acquisition d’un terrain... à Chevaline.

Depuis c’est au total 7 acquisitions qui ont été réalisées, soit 6 hectares et 30 parcelles sur 5 communes, achetées au prix moyen de 0,75€ le m2 hors frais d’acquisition, et confiés en gestion par bail agricole à long terme à 4 exploitations agricoles du bassin du lac.

Et c’est ainsi que notre première année d’existence s’est terminée par notre première candidature pour l’acquisition d’un terrain... à Chevaline.

Depuis c’est au total 7 acquisitions qui ont été réalisées, soit 6 hectares et 30 parcelles sur 5 communes, achetées au prix moyen de 0,75€ le m2 hors frais d’acquisition, et confiés en gestion par bail agricole à long terme à 4 exploitations agricoles du bassin du lac.

Ainsi nous avons montré qu’acheter, dans le bassin du lac et sans conflit, de la terre agricole, à un prix de terre agricole, pour ensuite la mettre à disposition à long terme à des agriculteurs, c’était possible.

Notre seul regret c’est que jusqu’à aujourd’hui nous n’avons pas été sollicités pour acquérir un terrain sur la rive-Est du lac... ah si, il y a eu une proposition, le compromis a été signé, mais nous avons préféré que ce soit le Conservatoire du littoral qui l’achète, puisque c’était sur le Roc de chère.

Mais comment ce résultat a pu être atteint ?

- Cela a été possible parce que nous avons toujours voulu entretenir une relation sincère et confiante avec les agriculteurs... qui, aujourd’hui, se mettent à penser que plutôt que de consacrer leur capacité financière à la course sans fin au foncier, mieux vaut, pour eux, investir dans l’équipement de leur exploitation ou dans leur troupeau... ou dans l’éducation de leurs enfants.

Et ce soutien des agriculteurs locaux, mais aussi celui de la profession au niveau départemental ne s’est jamais démenti en 10 ans... la chambre d’agriculture a été toujours à nos côtés, avec le dévouement de Nicole Bocquet... et nous a même rétrocédé, à nos débuts, une somme de plus de 1000 €, qu’elle avait reçue à la suite d’un procès qu’elle avait gagné. Il s’agissait d’un procès au tribunal administratif contre un classement comme constructible d’une importante zone agricole dans la périphérie d’Annecy.  

- Cela a été possible parce que notre volonté est de mettre les terrains acquis définitivement à la disposition de l’agriculture, et que, pour cela, nos statuts nous interdisent de revendre les parcelles acquises.

Cette disposition particulière a pour effet, également, de rassurer les vendeurs. S’ils nous vendent,  ils ne seront pas grugés par un acquéreur, qui attendra pour aller « gagner à leur place à la loterie des terrains à bâtir »... Cette loterie c’est le fruit de l’instabilité et de la fragilité des documents d’urbanisme. Seule une décision ferme et collective des élus du territoire peut décider d’arrêter, enfin, cette loterie permanente dans un site comme le lac d’Annecy.

- Mais également, nous n’avons pu faire ces acquisitions que grâce à l’engagement des membres du Conseil d’Administration, ...ceux du départ, qui sont pour la quasi-totalité toujours là, et ceux qui, peu à peu, nous ont rejoint... et je les en remercie vivement et chaleureusement.

Mais, surtout,  ce sont nos 80 adhérents de départ, qui sont maintenant plus de 250, qui, par leur fidélité et leurs dons, nous ont permis de mener à bien ces acquisitions.

Il faut reconnaitre que ces dons représentent un engagement financier important, pour chacun, et ce sans aucun espoir de retour pour eux-mêmes. La force de cet engagement ne s’est jamais démenti,  puisqu’il a toujours été compris entre 45 et 50 euros par an par adhérent... c’est un chiffre conséquent qui montre bien l’effort de chacun d’entre eux.

Merci à tous... Et, même si je ne veux pas faire de différence entre ceux qui, en conscience, depuis des années nous donnent quelques dizaines d’euros par an et ceux qui, pour une raison ou une autre, nous donne beaucoup plus, permettez-moi, quand même, aujourd’hui, de rendre un hommage particulier à Patrick Sureau qui nous a quitté il y a un peu plus d’un an.

En effet non content de nous donner chaque année, depuis qu’il était adhérent, des sommes conséquentes, ne revendiquant absolument rien en échange, il a inventé ingénument, avant de nous quitter, une formule originale de dons : il a contracté à notre profit une assurance vie.... et c’est ainsi qu’il nous a fait donataire d’une somme de 6000 €, sans nous en avertir, nous interdisant ainsi de lui dire « Merci » de son vivant... et, de plus, nous sommes convaincus qu’il en a fait de même pour d’autres associations dans lesquelles il était tout aussi investi, avec la même simplicité et le même respect de la décision collective. Merci Patrick !

Enfin, je vous propose, avant de conclure, que nous nous arrêtions un moment sur l’origine géographique de nos adhérents

Certes un tiers ont la chance exceptionnelle de vivre dans le bassin versant du lac et de pouvoir contempler tous les jours ces magnifiques paysages,... mais d’autres n’ont pas cette chance. Ainsi plus de la moitié de nos adhérents vivent dans les autres communes du Grand Annecy ou de la communauté de commune du pays de Faverges, ils ne voient pas le lac tous les jours et pourtant ils se mobilisent pour préserver les paysages du lac

Cela veut dire clairement que pour la très grande majorité des annéciens les paysages du lac sont une richesse qui appartient à tous et qu’il faut impérativement préserver.

Et c’est là un de nos plus gros succès : avec eux, nous montrons qu’un mouvement citoyen et solidaire, autour de cet objectif de protection des terres agricoles du bassin du lac d’Annecy, est tout à fait possible dans la grande agglomération annécienne, sans parti-pris politique.

Ainsi on est, donc, bien passé de l’utopie à la réalité , notre pari de départ est gagné, il y a bien parmi nous, dans cette époque où l’individualisme prime, des gens qui sont capables de se mobiliser pour crier haut et fort, dans une démarche citoyenne totalement désintéressée, qu’il est indispensable de préserver à long terme les paysages agricoles du bassin du lac d’Annecy... mais ce n’est qu’un commencement

Il ne nous reste plus qu’à nous faire entendre par nos élus...  et nous espérons, vivement, qu’il ne nous faudra pas attendre encore 10 ans!  Il a été possible de sauvegarder la qualité des eaux du lac, d’empêcher que ne s’urbanise le sommet du Semnoz, de replanter de la vigne,...pourquoi ne serait-il pas possible de sauvegarder les terres agricoles du bassin du lac, qui sont la composante la plus menacée de ce paysage, notre patrimoine commun.

Tout ce chemin poétique nous l’avons également parcouru avec l’appui d’artistes qui nous ont soutenus comme Isabelle Vougny, qui nous a donné l’occasion d’être présent avec elle, plusieurs fois  dans ses expositions à l’Impérial, elle nous fait l’amitié d’être parmi nous aujourd’hui, ou encore, comme le dessinateur  de presse filipandré qui a créé notre célèbre logo. Il qui regrette de ne pas être là aujourd’hui avec nous, mais il nous dit avec son sourire espiègle : « Rendez-vous dans 10 ans ! »

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